Le rock et moi, ça a commencé peut-être avec Satisfaction au hit-parade sur le transistor jaune de ma mère. Puis ça a recommencé quand il a bien fallu écrire, après toutes ces années passées à écouter des disques sans rien dire ou presque – le réseau de connaisseurs dans une morne ville provinciale de soixante mille âmes étant limité. Écrire, mais où. D’abord dans des lettres. Un emprisonnement consenti dans les austères locaux de l’armée française, fait par exemple écrire énormément. Si le rock m’a sauvé la vie (ce dont j’étais loin de me douter à l’époque), le service militaire (des mots qui me rendent incrédule aujourd’hui) a fini de forger mon envie d’écrire sur le rock. N’osant aborder de front la citadelle qu’était dans mon imagination Rock & Folk – en plus d’être le magazine que je dévorais avec ferveur depuis sept ans – je trouvai un subterfuge qui correspondait à une marotte : en écoutant maniaquement, je dessinais non moins maniaquement, quoique sans talent…